La transformation de la guerre aérienne au cours du dernier siècle est manifeste. Du duel entre avions biplans aux affrontements entre drones, l’aviation est entrée dans une nouvelle ère où la technologie de pointe est maître. Sur le champ de bataille moderne, la suprématie ne repose plus sur le nombre de combattants, mais sur la supériorité technique, devenue le facteur décisif.
Parmi ses plus grandes évolutions, l’armée peut compter sur ses avions de chasse furtifs, ses drones de combat et même l’émergence d’un nouveau concept : le soldat augmenté.
Le camouflage aérien : les avions de chasse furtifs
Les débuts de l’avion invisible
L'idée de réduire la visibilité radar d'un avion remonte à la Seconde Guerre mondiale. Le bombardier Horten Ho 229 allemand possédait des caractéristiques de conception qui réduisaient sa signature radar.
Toutefois, c'est avec le développement du Lockheed SR-71 Blackbird pendant la Guerre Froide - un avion capable de voler à des vitesses et altitudes extrêmes sans se faire repérer - que le concept de furtivité a vraiment commencé à prendre forme. Le F-117 Nighthawk fait donc suite au Lockheed SR-71 Blackbird en pénétrant les défenses aériennes ennemies sans être détecté lors du conflit au Panama en 1989.
La suprématie du F-22 et le F-35
Aujourd’hui, ce sont le F-22 Raptor et le F-35 Lightning II qui incarnent le zénith de l’innovation en ingénierie technologique. Ces derniers marquent l’ère de la furtivité grâce à leurs capacités quasi-invisibles aux radars adverses. Ils jouent ainsi un rôle pivot dans les stratégies d’infiltration et les attaques surprises.
Leur arsenal diversifié de missiles air-air et air-sol leur offrent également une supériorité tactique indiscutable. En synergie avec des systèmes d’information et de communication de pointe, le F-22 et le F-35 bénéficient d’une conscience situationnelle améliorée, ce qui les rend nettement plus efficaces en mission.
L’avenir du combat aérien : au-delà de la furtivité
À l’avenir, l’aviation de combat se projette bien au-delà des exploits actuels. Des programmes verront le jour dans quelques décennies comprenant un avion de sixième génération, son accompagnement par des drones et la possibilité de les gérer sous forme d’essaims. Parmi ces programmes, il y a évidemment le projet Français, Allemand et Espagnol : SCAF (Système de Combat Aérien du Futur). Mais nous pouvons également citer le BAE Systems Tempest. Mené par le Royaume-Uni, l’Italie et la Suède, son déploiement est prévu pour 2035. Notons que la Suède semble s’être désolidarisée de ce dernier et entre dans une période de réflexion, notamment pour rejoindre le projet SCAF.
Les Etats-Unis ont également rejoint la course avec le programme Next Generation Air Dominance (NGAD). Leur but est d’assurer leur suprématie dans le domaine aérien. Le NGAD compte ainsi intégrer les innovations de furtivité les plus récentes et utiliser l’intelligence artificielle dans la stratégie de combat.
L’ère des drones : surveillance et combat
Les premiers pas : le drone de reconnaissance
Dans les années 1990, les conflits en Bosnie et au Kosovo marquent l’avènement des drones de surveillance et de reconnaissance. Leur usage est significatif : le drone Predator - initialement envoyé pour la reconnaissance d’ennemis - est modifié pour emporter des armes. Dès lors, les drones entrent dans la guerre moderne et modifient son éthique.
Efficacité du drone et remise en question éthique
Aujourd’hui, il est à la fois utilisé pour la reconnaissance et pour le combat. L’armée française en possède plusieurs dont le Northrop Grumman RQ-5 Hunter, l’EADS Harfang (développé à partir de l’IAI Heron) ainsi que le MQ-9 Reaper de General Atomics.
Ils sont pilotables à distance pour réaliser des missions de surveillance prolongées, recueillir des informations critiques mais aussi effectuer des attaques directes en frappant la cible de façon chirurgicale. Son utilisation marque un tournant dans l’éthique de la guerre moderne. Il est désormais possible de combattre sans compromettre la vie des pilotes.
Néanmoins, l’usage du drone soulève des dilemmes éthiques, interrogeant la responsabilité dans la conduite des opérations à distance et le respect des normes internationales. La facilité avec laquelle des missions peuvent être exécutées à l'abri, derrière des écrans, pose la question de la responsabilité morale et légale, en particulier lorsque des civils sont accidentellement touchés.
L’usage des drones aujourd’hui
L’engagement de drones dans la guerre moderne a été confirmé pendant la guerre en Libye en 2011. L’Azerbaïdjan en fait un usage intensif lors du conflit du Haut-Karabakh en 2020 avec les drones turcs Bayraktar TB2. Cette nouvelle arme a imposé aux adversaires de repenser leurs stratégies défensives face à une menace omniprésente et insaisissable. La France a profité de cette technologie lors de son intervention au Mali en 2019.
En 2024, le drone joue surtout un rôle crucial dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans des pays comme le Pakistan, le Yémen et la Somalie.
Le soldat augmenté
Le soldat augmenté dans les Marvels
La notion de soldat augmenté, bien que semblant relever de la science-fiction, devient une réalité tangible sur les champs de bataille modernes. L’idée est d’abord évoquée dans le cadre du divertissement, avec des films d’action comme Captain America ou Robocop. On l’associe souvent au transhumanisme où la technologie est utilisée pour transcender les capacités naturelles de l’être humain.
Qu’est-ce que le soldat augmenté ?
Le soldat augmenté, c’est donc une version améliorée d’un soldat qui se distingue par ses capacités physiques et cognitives surhumaines : une force accrue, une endurance sans faille, l’aptitude à opérer sans repos et une intelligence hors norme.
Ces augmentations peuvent être externes, comme les exosquelettes qui décuplent la force et la résilience, ou internes, à l'image des implants cérébraux ou des modifications génétiques. Notre ère voit notamment la convergence des nanotechnologies, de la biotechnologie et des sciences cognitives comme l’occasion d’ouvrir des horizons jusqu'alors inexplorés pour la transformation du soldat.
Le soldat augmenté sert-il les armées actuelles ?
Le concept de soldat augmenté reste aujourd’hui un concept. Néanmoins, celui-ci commence à être exploré et déployé sous diverses formes par des armées des quatre coins du monde. Ces initiatives vont de la recherche aux tests limités et inclut déjà plusieurs dispositifs : les exosquelettes (pour la force et l’endurance), les interfaces neuronales (pour les communications et le traitement d’information) et les implants (pour la perception et la prise de décision en temps réel).
Par des considérations éthiques évidentes, le déploiement du soldat augmenté demeure limité sur le terrain. Les Etats-Unis, la France et la Russie projettent cependant son intégration future dans leurs forces armées...
Crédit photo :
Kim Thunger
Unknown author - Ho 229
U.S. Air Force photo/Lt Col Leslie Pratt
très apprécié